À propos du Musée des Arts et Traditions Populaires de Paris et du MUCEM de Marseille

Par Jacqueline Humbert

Par curiosité, j’ai profité d’une invitation pour me rendre à Marseille lors de l’inauguration du MUCEM, le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée. Pour l’instant, la présentation est assez clairsemée et disparate dans sa partie permanente appelée La Galerie de la Méditerranée. Dans les étages, sont présentées deux expositions temporaires : l’une sur « Le noir et le bleu, un rêve méditerranéen». Je fus assaillie par de nombreuses vidéos et perdue dans une circulation difficile à travers les guerres et les religions mais je fus admirative devant les deux peintures de Miro. L’autre exposition «Au bazar du genre – les multiples façons d’être homme ou femme», est une présentation labyrinthique qui se veut audacieuse !

Ce MUCEM est très visité. Des foules compactes de visiteurs viennent surtout pour son architecture et la très belle vue sur le fort Saint-Jean. Sans trop parler du contenu, la presse ravie aligne les chiffres étonnants du nombre des entrées.

Je savais très bien ce que j’allais voir ou plutôt ne pas voir car les voeux pieux et pour le moins farfelus de vouloir transférer le MUSEE NATIONAL DES ARTS ET TRADITIONS POPULAIRES de Paris (fermé en 2005) vers le MUCEM de Marseille était une évidente tromperie. Les Arts populaires ne verraient pas le jour dans leur riche globalité et surtout ne correspondraient absolument pas à un Mucem tourné vers les civilisations des rives de la Méditerranée, qui en fait est un Musée d’histoires mouvementées … très bien, mais pourquoi alors cette fichue idée d’envoyer les collections d’arts populaires à Marseille ? Paris voulait-il s’en débarrasser ?

Depuis des décennies, nous connaissons les batailles d’opinions autour du Musée des Arts populaires de Paris, ce mal aimé *. Les collections ont été abandonnées dans le noir du sous-sol de l’immeuble du bois de Boulogne puis mises en réserve à l’autre bout de la France. Cette magnifique mémoire qui était autrefois vivante, joyeuse et pleine de création a été sciemment occultée. Elle a fini par succomber dans l’indifférence de ceux qui en avaient la charge. Mais à qui la faute ? aux pouvoirs successifs de l’Etat, aux Ministères de la culture, aux Conservateurs eux-mêmes … Triste bilan, alors que les étrangers nous envient notre patrimoine!

Oui, tout cela est bien déconcertant pour la connaissance de ce passé riche en créations symboliques, insolites et traditionnelles… du labeur à la fête.

Maintenant que le Musée National des Arts et Traditions Populaires de Paris n’existe plus, comment les enfants et les jeunes adultes ignorant tout de notre propre culture, celle qui s’est interrompue avec les prémices de l’ère industrielle, pourront-ils la découvrir un jour ? Elle leur apprendrait certainement beaucoup des choses de la vie.

Faisons UN RÊVE…

Il est actuellement beaucoup question de l’avenir de l’Europe et c’est tant mieux. Alors souhaitons nous un grand Musée de l’Europe des Arts Populaires et de l’Artisanat (et sans abréviation…) Il serait d’une richesse exceptionnelle et pour le public, une grande découverte culturelle. Il permettrait aussi de belles expositions temporaires tournées vers le temps présent… Autant de passerelles entre hier et demain.

Jacqueline Humbert

* à relire la presse nationale de 2004 et 2005